Prophétie et révolution :
La purification du Temple et l’inauguration du règne

L’autel

   Comment Jésus avait-il espéré accomplir la purification du Temple de ses sacrifices et de ses holocaustes ? On peut l’imaginer.
   En gardant à l’esprit l’intention de Jésus d’abolir les sacrifices, il faut se rapporter à la Dédicace accomplie par Judas Maccabée et à celle de Salomon, lors de l’inauguration du premier temple (1 R 8).
   Judas et ses frères portèrent la plus grande attention à l’autel souillé, « devenu un sujet d’opprobre ». Ils eurent l’ingénieuse idée de le démolir et d’en déposer les pierres sur la montagne, attendant « la venue d’un prophète qui se prononcera à leur sujet » (1 M 4:44-46). Ce prophète vint-il ? La prophétie s’était éteinte en Israël et le prophète tarda à venir.

   Et Jésus vint enfin, qui prononça l’oracle de Dieu pour maudire et ensevelir l’autel, souillé par le sang des sacrifices à jamais. Inutile de le reconstruire puisque le sacrifice, lié désormais à la piété, au pardon et à la réconciliation, n’aura pour autel que le cœur des hommes.
   La purification que Jésus voulait réaliser était si radicale que celle des Maccabées ne devenait plus qu’une banale administration du Temple. Elle supposait une souillure présente au cœur du culte lui-même et libérait la foi d’une idolâtrie qui y demeurait refoulée, depuis sa naissance en Abraham. Certes, le patriarche avait aboli le sacrifice humain mais son Dieu, s’il renonçait au sacrifice de son enfant, exigeait cependant qu’il le lui offre dans le symbole d’un agneau. Au plus profond, son Dieu demeurait une idole assoiffée de sang humain.
   Jésus voulait purifier le Temple et le cœur humain de cette idolâtrie, n’offrant en sacrifice à Dieu que l’amour fraternel reflet de l’amour du Père. En le purifiant, il créait un Temple nouveau pour un Dieu nouveau, ou du moins révélé puisqu’il demeurait encore inconnu des hommes. À juste titre, il se rendait au Temple convaincu de le détruire pour le renouveler.